En 2016 nous – Alexis et Blanche – avons décidé de chercher une maison dans le Perche, à mi-chemin entre Paris, où nous vivons, et Saint-Malo, où Blanche est née. Autrement dit, c’est à deux heures de Caen, port sur la Manche qui mène aux racines d’Alexis, l’Angleterre.

Alexis & Blanche à la manif des

Alexis et Blanche à la manif des « Lignes Rouges » à la COP21 à Paris en décembre 2015

Le travail d’Alexis est d’aider les gens à réduire leur impact sur la planète. Depuis plus de dix ans, il utilise la permaculture comme « boîte à outils » pour jardiner sur ses balcons ou sur des petites espaces à Londres et Paris et, en partie, pour organiser sa vie. Mais dans son cœur, il a toujours voulu aller plus loin.

Blanche, qui est institutrice à Paris, est très heureuse de partager cette aventure et de s’investir dans “le projet”, mais n’envisage pas actuellement d’y consacrer tout son temps ni de transformer la ferme en centre permanent de formation en permaculture.

Notre projet, c’est quoi exactement ? Eh bien, cela dépend de la façon dont vous le regardez !

Alexis veut rendre la maison zéro carbone et créer un paysage comestible — une forêt-jardin. Blanche veut également que la maison ait suffisamment de lits et de salles de bains pour pouvoir accueillir la famille et les amis. Jusque-là, il n’y a pas de désaccord. Nous nous sommes donnés cinq ans pour faire les travaux et créer la forêt-jardin.

C’est le long terme qui n’est pas encore défini.

Alexis veut utiliser la ferme pour inspirer les autres et peut-être pour essayer de gagner sa vie en enseignant la permaculture, en vendant des fruits et des noix et peut-être en louant des éco-cabines. Blanche est partante mais elle adore son métier et voit encore cette ferme comme un refuge, un havre de paix à partager avec ses proches et ses moins proches. Le défi consiste donc à construire quelque chose qui plaise à tous les deux sans empiéter sur les souhaits de l’autre.

Notre première et la plus redoutable tâche était de trouver la propriété parfaite. Nous avons commencé avec une zone — Le Perche — et une série de critères : pas trop loin de Paris en train, accessible depuis une gare à vélo, pas trop loin d’une boulangerie et d’un bon restaurant, un bâtiment traditionnel, au moins deux hectares de terrain, un ruisseau, aucune agriculture industrielle dans les champs voisins, pas trop de circulation sur les routes, etc.

Entre octobre 2016 et février 2017, nous avons visité environ 20 maisons sur les 100 que la mère d’Alexis avait trouvé sur internet. Un tableau Excel compliqué avec des scores pondérés pour chaque critère a plus que confirmé notre choix de cœur : La Grande Raisandière ! Dans un village nommé délicieusement La Chapelle du Bois.

Ce nom – La Grande Raisandière – ne veut absolument rien dire. Si vous faites une recherche sur internet, la seule chose que vous trouverez, c’est notre maison ! D’après l’ancien propriétaire, elle porte ce nom depuis 1550 et autrefois il y avait apparemment une Petite Raisandière mais maintenant il n’y a que nous.

On a pensé changer son nom, en partie car il n’est pas évident à prononcer si vous n’êtes pas français. Mais nous aimons l’idée qu’elle porte celui-ci depuis des siècles, qu’il est unique et n’a aucun sens ou plutôt, qu’il a le sens que chacun veut lui donner. Après tout, la « Rolls » des fermes de permaculture en France, Le Bec Hellouin, en Normandie, a également un nom imprononçable et il semblerait que ça marche très bien pour eux.

MAIS… après moult réflexions, nous avons décidé d’utiliser le nom français et un autre en anglais. La ferme s’appellera The Big Raise (La Grande Hausse) en anglais, ce qui est nettement plus facile à dire pour un non-francophone, et qui est clairement inspiré de l’original en français : La Grande RAISE-andière.

Il y a aussi l’idée que ce projet nous élève. C’est un grand bond comparé au travail de jardinage sur un balcon de Londres ou de Paris. Et puis, avec le temps, nous espérons augmenter les niveaux de compétence des participants à nos cours de permaculture. Il y a peut-être aussi dans ce nom un écho au concept de « Grand Tournant » de Joanna Macey et à « La révolution des attentes croissantes » d’Alexis de Tocqueville:

« Les nations qui ont subi avec patience et presque inconsciemment l’oppression la plus écrasante, ont souvent éclaté contre le joug au moment où elles commencent à devenir plus légères » (L’Ancien Régime et la Révolutions, livre 3, chapitre 4).

« Les nations qui ont subi avec patience et presque inconsciemment l’oppression la plus écrasante, ont souvent éclaté contre le joug au moment où elles commencent à devenir plus légères » (L’Ancien Régime et la Révolutions, livre 3, chapitre 4).

Peut-être que nous pouvons donner aux gens un peu de liberté en les inspirant. Peut-être que notre ferme peut faire partie de la Révolution des Attentes Croissantes … du Grand Tournant … The Big Raise !

La Grande Raisandière est une petite ferme de six hectares comprenant quatre bâtiments : une maison principale en grès jaune typique du Perche, une très belle dépendance qui n’est pour le moment qu’un lieu pour entreposer les outils, une grange et une ravissante petite porcherie qui servait de poulailler aux anciens propriétaires et que l’on souhaite transformer en bureau.

Une des multiples raisons de notre coup de cœur pour cette ferme vient du fait que Steve, le vendeur, a développé, depuis quelques années,  un intérêt pour la permaculture. Il a planté des fruitiers et et bien d’autres arbres encore. Il n’a pas labouré la terre et l’a recouverte de paille lorsqu’elle était nue. Une magnifique base pour démarrer notre projet. Grâce à lui, nous avons déjà quinze châtaigniers, une dizaine de pêchers et de noyers, deux cerisiers, deux pommiers et un poirier.

Il y a au moins dix grands chênes majestueux, et une belle haie traditionnelle d’aubépines, de noisetiers, d’églantines, de ronces et d’argousiers autour du terrain. Cela contraste fortement avec la plupart des fermes environnantes où les grands arbres et les haies ont été coupés pour créer de plus grands champs.

Il y a une grande mare (de 40 m de long environ) et un puits qui descend apparemment vers une rivière souterraine. Il y a également de l’argile sous la terre donc dès que l’on creuse un trou, elle retient immédiatement les eaux de pluie.

Pond mid-Sep 2017

En vélo, nous sommes à une quinzaine de minutes de La Ferté-Bernard (ville la plus proche avec une gare). C’est à 1 heures 50 de train de Paris. Il y a une boulangerie dans notre village et un très bon restaurant à La Ferté Bernard avec un chef qui est prêt à nous préparer des plats végétariens (impressionnant pour la France rurale !).

Bref, c’est idéal! Au cours des prochaines semaines, des mois et des années, nous nous efforcerons de faire une chronique de notre histoire au fur et à mesure qu’elle se déroule. Si la fin n’a pas encore été écrite, le premier chapitre non plus. Que l’aventure commence!